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Mobilisation syndicale : Total nous voilà !

Derniers regards sur la mobilisation syndicale
de ces 11, 12 et 13 juin 2018


Dès le 10, les Drômois se sont mobilisés au port Edouard-Herriot à Lyon. Mais ce lundi 11, vers 14 heures, le président de la FDSEA de la Drôme et son homologue de l'Ardèche - en accord avec la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes et les JA AuRA, 07 et 26 - lancent un nouveau mot d'ordre : bloquer le site Total de Portes-lès-Valence.

Aussitôt l'appel à la mobilisation est largement diffusé. Tracteurs, pneus, tronçons d'arbres... Tout est bon pour bloquer. Les agriculteurs répondent présents, s'organisent et les voilà qui arrivent déterminés sur le site. En moins de trois heures, la mobilisation opère pleinement. Devant la presse, l'installation du barrage débute.

Place à l'action syndicale

"Total nous voilà !"


Arrivée sur le site à 17 heures

Le blocage commence...
 
 
 
 
 
Tandis que France 3 filme, une touche finale pour bien planter le décor aux couleurs des deux syndicats agricoles

17 h 45

site Total bloqué ! 
Le calme avant la tempête. Sur cette photo, une partie des agriculteurs mobilisés, qui discutent et admirent tranquillement le paysage avant de recevoir... des trombes d'eau ! Ainsi à plusieurs reprises durant cette mobilisation de 2 nuits et 3 jours, la pluie a rincé généreusement l'enthousiasme. Bravo à vous qui n'avez pas baissé les bras à la première averse !
Grégory Chardon est régulièrement parti à la rencontre des forces de l'ordre. Certes les policiers dépêchés sur place avaient réservé un accueil plutôt glacial à l'arrivée des premiers agriculteurs, mais Grégory Chardon a su les convaincre du caractère responsable et citoyen des actions du réseau FNSEA/JA.
Pas de mobilisation sans une médiatisation. Ici, le président des JA 26 Sébastien Richaud ouvre le bal des échanges avec la presse. Il s'agit d'abord de faire passer le message des revendications, de donner ensuite une image positive de la profession agricole et d'emporter enfin l'adhésion du grand public. Chapeau bas à Sébastien qui a assuré de main de maître la responsabilité du site deux nuits durant. 
Au second jour du blocage, les présidents Benoit Claret (FDSEA de l'Ardèche) et Grégory Chardon (FDSEA de la Drôme), ont répondu aux questions de la presse côte à côte. Merci à Thibaut Carage (ici de dos) du Dauphiné Libéré pour sa couverture de l'événement. Plus généralement, les FDSEA 07 et 26 remercient les médias (télévision, radios, presse écrite, web et réseaux sociaux).
Benoit Claret a exposé clairement les raisons de la mobilisation devant la presse. Il a souligné le paradoxe d'une politique qui prône la montée en gamme pour les agriculteurs français et, en même temps, qui s'accorde avec l'étranger pour importer massivement des productions à bas coût, sans s'embarrasser des standards de production français. 
En complément, Grégory Chardon a notamment insisté sur les problématiques qui touchent à la main d'oeuvre, les zones défavorisées simples, le manque de réactivité des services de l'Etat, les situations souvent ubuesques que réserve l'Administration à la profession agricole.
Pas de blocage sans agriculteurs mobilisés. Tout au long de l'action syndicale, les JA étaient bien présents, attentifs ici aux échanges avec la presse.
Lors des échanges avec la presse, les deux présidents ont remercié de son soutien le sénateur Gilbert Bouchet, retenu au Sénat, mais représenté par son attachée parlementaire Laurence Achin-Charbonnel. Grégory Chardon a salué les agriculteurs qui se sont mobilisés en très peu de temps pour tenir le plus longtemps possible. 
Organisé, déterminé et tout entier engagé dans cette action syndicale, Grégory Chardon a mené de bout en bout la mobilisation drômoise, faisant d'elle une réussite. LE président.
De génération en génération, les Drômois veulent contribuer à donner un avenir à l'agriculture du département. Des femmes et des hommes de conviction, capables de se mobiliser dans l'heure pour défendre les intérêts de la profession.

A tous,  la FDSEA 26 dit un grand merci.


 

Ce mercredi 13 juin, le site se trouve débloqué dans l'après-midi suite à l'appel national de rompre les rangs. Mais tout le réseau FNSEA-JA demeure mobilisé et vigilant. Nous n'hésiterons pas à relancer la mobilisation et à durcir le ton si nécessaire. 
 



La lettre de la FNSEA 

 

Paris, le 13 juin 2018

 
                  Madame, Monsieur,

              Votre mobilisation exceptionnelle a contraint le gouvernement à s’asseoir à la table des discussions. C’est déjà en soi une première satisfaction car ces 2 fois 2 heures de discussion avec le ministre traduisent la reconnaissance du problème : des importations « distorsives » alors même que les agriculteurs doivent répondre à des attentes sociétales chaque jour plus exigeantes. Nous partions de loin !

               La montée en gamme est certes une stratégie incontournable, mais face à des conditions de concurrence non équitables, elle conduit à une impasse. La négociation avec le ministre de l’Agriculture, mandaté par le gouvernement pour gérer cette situation de crise, fut âpre, dure, intense. Et comme dans toute négociation, il y a des avancées, il y a des déceptions ; c’est rare de gagner sur tous les tableaux. Et la lecture qui en est faite obéit soit au verre à moitié plein, soit au verre à moitié vide. Nous avons choisi d’être lucides, de rester déterminés et intransigeants.

           Les 4 revendications que nous avons portées avaient été choisies car elles symbolisaient les grands enjeux de notre combat. Les résultats doivent donc s’apprécier au regard de la mesure elle-même mais aussi de ce qu’elle représente au regard de la politique du gouvernement.

              Nous demandions d’interdire toute importation « distorsive ». Cette exigence, grandement partagée par les consommateurs et l’opinion publique, a conduit le ministre à rappeler « les lignes rouges de la France dans les accords internationaux », comme le Mercosur ; à s’engager à œuvrer pour « plus d’homogénéité des règles européennes », en écho à notre principe : règles uniques sur un marché unique ; à se battre pour « pérenniser l’expérimentation sur l’étiquetage de l’origine des produits ». Bien sûr, le chantier est à poursuivre pour obtenir des résultats concrets, tangibles dans nos échanges avec les pays tiers, comme au sein de l’Europe où se trouvent les seules vraies réponses. La France ne peut y faire cavalier seul ; elle doit au contraire entraîner et faire progresser. Le combat restera quotidien.

               Nous demandions que le CORENA retrouve un fonctionnement normal après plus d’un an d’interruption. L’engagement est réel, la lettre de mission est signée, une date est programmée. Avec le CORENA, nous avons un levier pour éviter les surtranspositions franco-françaises, pour dénoncer les conséquences économiques de telle ou telle norme absurde sur le plan « technico- économique ». Nous demandions une compensation de la suppression du CICE pour les employeurs de main d’œuvre saisonnière. Cette mesure, importante pour certains secteurs, met aussi l’accent sur le dumping social que nous subissons à l’intérieur même de l’Europe. Nous nous sommes heurtés d’emblée à un mur : au nom des contraintes budgétaires, au nom d’une volonté d’harmoniser les régimes sociaux. Nous nous sommes battus pied-à-pied pour déverrouiller cette position de principe. Le résultat est certes mitigé : nous n’avons pas obtenu la mesure mais nous considérons que la porte reste ouverte puisque, si le ministre n’a pas le levier budgétaire, nous irons le chercher là où il est au gouvernement ; et nous avons l’engagement d’un travail technique qui mette en lumière les difficultés spécifiques des exploitations fortement employeuses de main d’œuvre saisonnière.

            Quant au grand plan d’investissement, bien sûr il n’y a pas de miracle sur le montage financier. Les milliards annoncés proviennent de recyclages de crédits existants et de garanties bancaires. Mais ce qui est important c’est d’avoir conduit le ministre à affirmer que ce plan servira « à accompagner les investissements des plans de filières » et que des réunions de travail auront lieu avec elles d’ici fin juin pour discuter de leurs priorités. Un gage pour faire valoir la vision économique et cohérente des segmentations de marché que nos Associations Spécialisées ont portée dans ces plans de filière.

          Enfin, le secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, présent au premier round de discussions a apporté des réponses à la question des importations d’huile de palme : engagement de la France sur «l’encadrement européen des importations » ; soutien réaffirmé aux filières de biocarburants, « autorisation du B10 et du B100 ». Le courrier signé du ministre de l’Agriculture consigne ses engagements et ses ouvertures et fixe des rendez-vous précis. Nous saurons les rappeler au gouvernement à chacune de ses prises de décision dans les jours à venir et les occasions ne manqueront pas. Et s’il n’est pas au rendez-vous, nous reprendrons la mobilisation que nous avons suspendue.

            Au-delà de ces points précis, nous avons l’intime conviction que cette mobilisation exceptionnelle marque un tournant. D’abord elle a suscité l’adhésion des consommateurs et de l’opinion publique : un fait assez rare pour être mis en valeur et sur lequel nous devons capitaliser. Ensuite elle a contraint le gouvernement à acter que la compétitivité et la concurrence étaient des réalités incontestables dont il devait tenir compte ; une porte est ouverte ; nous ne lâcherons rien. Enfin, nous avons démontré à l’Exécutif que nous sommes l’interlocuteur incontournable à un moment où de nombreux corps intermédiaires doutent de la volonté de l’Etat de les reconnaître à leur juste valeur.

                FNSEA et JA font encore une fois la démonstration d’un syndicalisme majoritaire, représentatif, fort et responsable. C’est le résultat de notre engagement collectif, de la solidité de notre réseau, de sa solidarité et de son unité. Notre message est le bon. La bataille n’est pas terminée. Soyez assurés de notre engagement indéfectible.



 









 
 
Lire la lettre du ministre de l'Agriculture