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Main d'oeuvre - Vers la fin du TO-DE ?

Le gouvernement a annoncé la fin du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) au 1er janvier 2019. La députée drômoise Célia de Lavergne, lors de deux rencontres organisées par la FDSEA 26 et les JA 26, avait annoncé qu’il serait converti en réduction de charges supplémentaires. Pour les plus bas salaires, l’allègement des charges serait renforcé. Ainsi, il faudrait s’attendre à une baisse de 13 à 17 % de la cotisation maladie et à un renforcement de la réduction générale de cotisations, réduction dite « Fillon ».

Cependant, nous avons appris quelques jours avant le 14 juillet qu’en contrepartie l’exonération TO-DE (Travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi) serait supprimée.

Cette suppression engendrerait une hausse des charges de l’ordre de 190 euros mensuels (soit près de 1,30 euros de l’heure) pour un saisonnier au SMIC + 10% de congés payés. En effet, comme le précise la Fédération nationale des producteurs de fruits, « bien que l’allègement soit renforcé, sa dégressivité immédiate – alors que dans le cas de TO-DE, elle démarre à 1,25 smic, a pour conséquence une diminution substantielle de l’avantage annoncé ».

Une situation dramatique 
Les modifications annoncées pour 2019, dont la suppression du TO-DE, replongeraient de nombreuses exploitations dans des situations dramatiques pour lesquelles l’une des seules issues serait l’arrêt de l’activité. Qui peut imaginer la Drôme sans ses productions végétales ?

Pour ceux qui seraient en capacité de résister, cela favoriserait le travail détaché avec toutes les conséquences que cela aurait sur l’emploi et le dynamisme sur les bassins de production.

Une réaction syndicale sans délai 

La FDSEA de la Drôme n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude auprès des parlementaires du département. Elle reste très vigilante sur l’avancée du dossier. En partenariat avec le CER France, une étude d’impact a été demandée sur 82 exploitations spécialisées afin de faire des remontées au niveau national.

Le vendredi 20 juillet, Christiane Lambert et Jérémy Decerle, les présidents respectifs de la FNSEA et des JA, ont interpellé le Chef de l’Etat lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron, lequel s’est montré à l’écoute. Le président de la République a indiqué vouloir rouvrir le dossier. Le mercredi 25 juillet, Christiane Lambert a échangé sur le TO-DE avec le Premier ministre. FNSEA et JA restent mobilisés.
Pour une exploitation de 21 hectares de fruits à pépins comptant 60 saisonniers, la hausse des charges pourrait être de 11 400 euros par mois.

Pour une exploitation de 38 hectares de fruits à noyaux embauchant 75 saisonniers, le surcoût pourrait dépasser les 14 200 euros par mois.

Cela pourrait représenter pour l’arboriculture fruitière, une perte de l’ordre de 30 millions d’euros sur le travail saisonnier.
 
Pour mémoire, l’exonération TO-DE avait été créée afin de compenser un différentiel de compétitivité avéré entre la France et ses principaux concurrents. C’est pour la même raison que, à la suite de la grave crise de 2009, ce dispositif fut amélioré. Cette baisse supplémentaire de charges avait permis à certains arboriculteurs de poursuivre leur activité.

L’observatoire des exploitations fruitières soulignait en 2010 que « Après une crise généralisée en 2009, les résultats 2010 remontent mais restent insuffisants pour rémunérer le travail familial. On note l’effet essentiel de la mesure d’abaissement des charges sociales sur les salaires du personnel saisonnier ».
 

Avec le concours de Stéphanie Prat - Fédération nationale des producteurs de fruits

Texte : Angelo Tedesco - Photo : FDSEA 26